L’ENCYCLOPÉDIE – Accouchement & Accroissement

ACCOUCHEMENT, s. m. dans l’oeconomie animale, action par laquelle la matrice se décharge au bout d’un certain tems du fruit de la conception.”

les uns ont prétendu que c’étoit le défaut d’aliment qui faisoit que le foetus cherchoit à sortir: d’autres, que l’enfant se détachoit de la matrice par la même raison que le fruit se détache de l’arbre; ceux-ci ont avancé que l’acreté des eaux renfermées dans l’amnios obligeoit l’enfant à se mouvoir & à chercher la sortie; & ceux-là ont pensé que l’urine & les excrémens formoient une certaine masse, que leur acreté qui incommodoit le foetus, de concert avec cette pesanteur, le contraignoit à se mouvoir; que par ses mouvemens la tête se tournoit du côté de la matrice, & que le visage regardoit ordinairement le coccyx; que dans cette situation les intestins & la vessie picotés par l’urine & par les excrémens, causoient encore plus d’inquiétude au foetus dans le bassin; que cette action de la mère augmentoit le tenesme, & par conséquent les efforts; & que le concours de ces causes ouvroit la matrice, &c.”

La premiere cause irritante est sans doute, comme l’observe le Docteur Haller (Comment. Boerhaav) dans le foetus. En effet, dans les animaux, il rompt l’oeuf par son propre effort, & il éclot: cela se voit quelquefois dans les quadrupedes, toûjours dans les oiseaux, dans les vipères & dans les insectes. Ce foetus se trouve de plus en plus incommodé, tant par son méchonium, que par l’angustie même du lieu & par la diminution des eaux, ce qui produit de plus fréquens froissemens contre la matrice, qui naissent du mal-aise que le foetus sent, d’autant plus que le cerveau s’accroît davantage, & que ses organes se perfectionnent”

Quelquefois la femme ne paroît gueres grosse, quoique prête d’accoucher, & elle accouche d’un gros enfant; la raison en est que l’uterus est plus dilaté postérieurement qu’antérieurement: mais il est facile, comme on voit, de s’assûrer, en touchant une femme, si elle est grosse, cet éloignement de l’uterus étant le premier signe de grossesse.”

Lorsque le Chirurgien aura reconnu que la femme est dans un véritable travail, il lui fera donner quelques lavemens pour vuider le rectum avant que l’enfant se trouve au passage: il est aussi fort à propos de faire uriner la femme ou la sonder, si le col de la vessie étoit déja comprimé par la tête de l’enfant. Lorsque la femme est assez forte, on gagne beaucoup à lui faire une saignée dans le travail; la déplétion qu’on occasionne par ce moyen, relâche toutes les parties & les dispose très-avantageusement. On prépare ensuite un lit autour duquel on puisse tourner commodément. Le Chirurgien touchera la femme de tems en tems, pour voir si les membranes qui enveloppent l’enfant sont prêtes à se rompre. Lorsque les eaux ont percé, on porte le doigt dans l’orifice de la matrice pour reconnoître quelle partie lenfant présente; c’est la tête dans l’accouchement naturel: on sent qu’elle est dure, grosse, ronde & égale; les autres parties ont des qualités tactiles différentes dont il est assez facile de s’appercevoir, même à travers les membranes.”

Il ne faut pas tirer lenfant tout droit, mais en vacillant un peu de côté & d’autre, afin de faire passer les épaules. Ces mouvemens se doivent faire sans perdre de tems, de crainte que l’enfant ne soit suffoqué par l’action de l’orifice sur le cou, si cette partie restoit arrêtée trop longtems au passage.”

On doit considérer la sortie du placenta comme un second accouchement. Lorsque le cordon ombilical est rompu, ou lorsque le placenta résiste un peu trop à sa séparation de l’intérieur de la matrice, il faut que le Chirurgien y porte la main promptement tandis que l’orifice est encore béant: le délai deviendroit par le resserrement de l’orifice un grand obstacle à l’introduction de la main. Si dans le second cas que nous venons d’exposer on ne portoit pas la main dans la matrice pour en détacher le placenta, & qu’on s’obstinât à vouloir tirer par le cordon, on pourroit occasionner le renversement de la matrice dont nous parlerons en son lieu.”

Les femmes accouchent au bout de sept, huit, neuf, dix & onze mois: mais elles ne portent pas plus longtems, nonobstant que quelques Medecins prétendent qu’un accouchement peut être naturel dans le quatorzieme mois.

On a remarqué que les Accouchemens sont plus heureux dans le septieme mois que dans le huitieme, c’est-à-dire, qu’il est plus aisé de sauver l’enfant quand il vient dans le septieme mois que quand il vient dans le huitieme, & que ces premiers vivent plus souvent que les derniers.

Peysonnel, Medecin à Lyon, a écrit un Traité Latin du terme de l’Accouchement des femmes, où il entreprend de concilier toutes les contradictions apparentes d’Hippocrate sur ce sujet. Il prétend que le terme le plus court de l’Accouchement naturel, suivant Hippocrate, est de 182 jours, ou de 6 mois complets; & le plus long, de 280 jours, ou de 9 mois complets & 10 jours; & que les enfans qui viennent devant ou après ce terme ne vivent point, ou ne sont pas légitimes.

Bartholin a écrit un Livre de insolitis partûs viis, des conduits extraordinaires par où sort le foetus: il rapporte différens exemples d’accouchemens fort extraordinaires. Dans les uns le foetus est sorti par la bouche; dans d’autres par l’anus. Voyez Salmuthus, Obs. 94. Cent. III. Transact. Philosoph. n°. 416. p. 435.”

En 1685, à Leckerkerch, qui est à huit ou dix lieues de la Haye, la femme d’un nommé Chrétien Claes accoucha de 5 enfans. Le premier fut un garçon qui vécut deux mois. 17 heures après la naissance de celui-là, vint un second fils, mais mort. 24 heures après cette femme mit au monde un troisieme garçon, qui vécut environ 2 heures. Autres 24 heures après elle eut un quatrieme mort-né. Elle mourut elle-même en mettant au monde un cinquieme garçon, qui périt dans le travail.” “Em 1685, em Leckerkerch (Holanda), a 8 ou 10 ligas de La Haye, a esposa de um famoso cristão chamado Claes deu a luz a cinco crianças. O primeiro era um menino que viveu 2 meses. 17 horas depois do primeiro nascimento, veio um segundo filho, que nasceu morto. 24 horas depois essa mesma mulher pôs no mundo um terceiro menino, que viveu em torno de 2 horas. Outras 24h depois ela teve um quarto, natimorto. Ela morreu, enfim, pondo no mundo um quinto menino, que pereceu no trabalho de parto.”

ACCROISSEMENT. “La nature a presque marqué le terme auquel tous les animaux doivent arriver: on n’en sait pas bien les raisons. L’homme qui vit longtemps vit naturellement deux fois plus que le boeuf & que le cheval, & il s’en est trouvé assez fréquemment qui ont vécû cent ans, & d’autres qui sont parvenus à 150. Les oiseaux vivent plus longtemps que les hommes; les poissons vivent plus que les oiseaux, parce qu’au lieu d’os ils n’ont que des cartilages, & ils croissent continuellement.”

Un arbre ou un animal qui prend en peu de tems son accroissement, périt beaucoup plûtôt qu’un autre auquel il faut plus de tems pour croître. Dans les animaux comme dans les végétaux, l’accroissement en hauteur est celui qui est achevé le premier. Un chêne cesse de grandir long-tems avant qu’il cesse de grossir. L’homme croît en hauteur jusqu’à 16 ou 18 ans, & cependant le développement entier de toutes les parties de son corps en grosseur, n’est chevé qu’à 30 ans. Les chiens prennent en moins d’un an leur accroissement en longueur; & ce n’est que dans la seconde année qu’ils achevent de prendre leur grosseur. L’homme qui est 30 ans à croitre, vit 80 ans ou 100 ans [números generosos, que época!]; le chien qui ne croît que pendant 2 ou 3 ans, ne vit aussi que 10 ou 12 ans: il en est de même de la plûpart des autres animaux. Les poissons qui ne cessent de croitre qu’au bout d’un très-grand nombre d’années, vivent des siècles” “Uma árvore ou um animal que chega em pouco tempo a seu crescimento completo definha e morre bem mais cedo que um outro ou uma outra que leve mais tempo até terminar de crescer. Nos animais como nos vegetais, o crescimento em altura é aquele que é atingido primeiro. Um carvalho pára de crescer muito tempo antes de parar de engordar. O homem cresce em altura até seus 16 ou 18 anos, contudo o desenvolvimento completo das partes de seu corpo, em volume, não é atingido senão aos 30 anos. Os cachorros atingem em menos de um ano seu crescimento em comprimento; e não é antes do decorrer do segundo ano, somente, que atingem o seu peso ideal. O homem, que leva 30 anos para crescer, morre dos 80 aos 100 [números generosos, que época!]; o cão, que não cresce mais do que durante 2 ou 3 anos, não vive para além de 10 ou 12; e essa proporção vale para a grande maioria dos animais. Os peixes, que não cessam de crescer até muitos e muitos anos, vivem séculos”

Les animaux qui ne produisent qu’un petit nombre de foetus, prennent la plus grande partie de leur accroissement, & même leur accroissement tout entier, avant que d’être en état d’engendrer; au lieu que les animaux qui multiplient beaucoup, engendrent avant même que leur corps ait pris la moitié, ou même le quart de son accroissement. L’homme, le cheval, le boeuf, l’âne, le bouc, le belier, ne sont capables d’engendrer que quand ils ont pris la plus grande partie de leur accroissement, il en est de même des pigeons & des autres oiseaux qui ne produisent qu’un petit nombre d’oeufs: mais ceux qui en produisent un grand nombre, comme les coqs, les poules, les poissons, &c. engendrent bien plûtôt. Un coq est capable d’engendrer à l’âge de 3 mois, & il n’a pas alors pris plus d’un tiers de son accroissement; un poisson qui doit au bout de 20 ans peser 30 livres, engendre dès la premiere ou la seconde année, & cependant il ne pese peut-être pas alors une demi-livre. (…) Il ne faut pas dire avec Leuwenhoek, que les poissons sont immortels, ou du moins qu’ils ne peuvent mourir de vieillesse.” “Os animais incapazes de produzir um grande número de fetos atingem a plenitude do crescimento, ou pelo menos grande parte dela, antes de chegar ao estado fértil; ao contrário, os animais que se multiplicam muito engendram descendentes antes mesmo de atingir a metade ou até mesmo ¼ de sua dimensão corporal máxima. O homem, o cavalo, o gado, o burro, o bode, não são capazes de se reproduzir antes de chegar quase ao seu tamanho total; os pombos e pardais, dentre outras espécies de aves, desenvolvem-se mais proximamente dos mamíferos que da média das aves, que põem muitos ovos. Sobre as aves mais prolíficas, como a galinha e o frango, e outras espécies, como os peixes: um galo ou uma galinha já podem ser pais à idade de 3 meses, quando não atingiram ainda 1/3 de seu tamanho ou massa; um peixe que deverá pesar, aos 20 anos, cerca de 15kg, reproduz-se desde o primeiro ou segundo ano de vida, quando não pesa mais do que 200 gramas. (…) No entanto, não devemos chegar ao ponto em que chegou o biólogo A.P. von Leeuwenhoek (1632-1723), o holandês reputado como <o pai da microbiologia> ao afirmar: <os peixes são imortais, ou ao menos não podem morrer de velhice>. [!]